Bertrand Sorre : La France ne reconnait pas la « république du Haut-Karabagh »
Le site web AgoraVox a publié une interview de Bertrand Sorre député LREM de la Manche et vice-président du groupe d'amitié parlementaire, entre la France et l'Azerbaïdjan.
L’AZERTAC vous présente le texte intégral de cette interview :
Bertrand Sorre d'où vient votre intérêt pour l'Azerbaïdjan ?
B.S."Il y a eu 2 éléments : d'une part découvrir un pays dont je n'avais que peu d'éléments, une région d'Europe qui m'était totalement inconnue. J'ai donc voulu avoir des échanges dans le cadre de mes fonctions, avec l'Azerbaïdjan. J'apprécie beaucoup le lien qui s'est créé avec l'ambassadeur d'Azerbaïdjan en France. Il a la volonté d'accompagner son pays dans des liens très forts avec la France. Je souhaite soutenir ce pays qui parfois peut souffrir d'une image qui n'est pas favorable chez nous."
Quel rôle peut jouer le groupe d'amitié parlementaire dans la résolution du conflit du Haut Karabakh ?
B.S."La France joue un rôle et veut jouer un rôle important, notamment parce qu'elle co-préside le groupe de Minsk, pour faciliter les relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Ce conflit doit se résoudre par la diplomatie, il doit se résoudre par la discussion et la France doit être et veut être un partenaire dans le cadre de ces relations. Tout en sachant que ma position est très claire. Pour moi, la République du Haut Karabakh n'existe pas, elle n'a aucune valeur. D'ailleurs, la France a une position très claire à ce sujet là."
Les visites de certains élus français dans la région du Haut Karabakh et la signature de chartes d'amitié entre les villes françaises et les localités de cette région sont-elles légales ?
B.S."Ce sont des démarches souhaitées par certains conseils municipaux, par des collectivités locales. Ce sont des démarches à travers des chartes d'amitié. Je ne vais pas spécialement les commenter car elles n'ont aucune valeur au regard du gouvernement. Le gouvernement français réaffirme bien sa position et ne reconnait pas cette république du Haut Karabakh."
Vous avez participé au 6ème forum humanitaire à Bakou ?
B.S."En effet j'ai pu apprécier l'organisation de ce forum humanitaire. L'accueil des différents intervenants, des différents participants était de très grande qualité. A mes yeux l'Azerbaïdjan a montré, à travers ce forum, qu'il était en parfaite capacité d'accueillir de grands évènements internationaux avec une haute sécurité garantie. Je trouve tout à fait pertinent que ce pays soit candidat pour organiser l'exposition universelle de 2025."
Des médias français véhiculent parfois une image erronée de l'Azerbaïdjan ?
B.S."Il faut que les gens qui lisent ces articles ou qui regardent ces reportages aient la curiosité de savoir qui les écrit. Si effectivement ce sont des gens qui sont hostiles à l'Azerbaïdjan, l'article ou le reportage ne sera pas favorable au pays. Lors de mon déplacement en Azerbaïdjan, j'ai vu beaucoup de démocratie dans ce pays. J'ai vu des femmes qui étaient libres de s'habiller comme elles voulaient ; j'ai vu des gens qui vivaient en toute liberté comme on vit en France. J'ai pu constater de mes propres yeux, à la fois à Bakou la capitale mais aussi lorsque nous sommes allés visiter des vignobles, que les gens vivaient totalement libres de leurs actes, avec des conditions qu'on peut trouver dans beaucoup d'autres endroits du monde. C'est un pays où l'on vit librement en ayant la liberté de pensée, la liberté de religion. J'ai lu l'histoire de l'Azerbaïdjan : c'est le premier pays en Europe où les femmes ont obtenu le droit de vote. C'est un élément important à rappeler. Je crois que l'Azerbaïdjan doit multiplier les possibilités de mettre en valeur cette démocratie, cette laïcité qui y existe. Je suis prêt à m'associer à ces missions, à cette volonté de montrer la vraie image de l'Azerbaïdjan telle qu'elle est réellement."
Pensez-vous que les arméniens en France participent à cette dégradation de l'image de l'Azerbaïdjan ?
B.S."Effectivement je pense qu'en France, il y a une diaspora arménienne très établie qui peut effectivement influencer certains médias."
Dans quels domaines voyez-vous le plus de perspectives de coopération entre la France et l'Azerbaïdjan ?
B.S."Je pense surtout à l'éducation. J'ai rencontré le représentant du ministère du travail lors de mon déplacement en Azerbaïdjan. Il a évoqué le souhait de développer le mode de certification du diplôme de formation qualifiante sur certains métiers dans son pays. Visiblement le pays souffre d'un manque de main d'œuvre dans certaines filières avec peut-être la nécessité de mettre en place des qualifications, des diplômes reconnus, des livrets de compétences. C'est un modèle qui existe en France et que l'on pourrait transposer en Azerbaïdjan.
L'Azerbaïdjan présente beaucoup d'opportunités dans le domaine touristique. C'est un pays qui a une vraie richesse, une vraie diversité de paysages. Les infrastructures sont là. On pourrait réfléchir à la collaboration entre nos deux pays, pour permettre à l'Azerbaïdjan de grandir dans le domaine du tourisme. Il y a un très bel aéroport avec des lignes aériennes régulières. Le pays peut devenir une destination touristique très appréciée parce qu'il a une infrastructure routière de très bonne qualité. Bakou possède des infrastructures hôtelières excellentes. Dans le pays il y a aussi une mixité culturelle, une mixité religieuse, une volonté de s'ouvrir, d'aller vers les autres."